Suite à la lecture de notre article sur l’érosion de la biodiversité vous avez décidé de diminuer votre consommation de viande, de manger bio et sans gaspillage alimentaire ? Bravo ! Grâce à ces choix, l’argent qui sort de votre portefeuille aide à la sauvegarde de la nature. Mais qu’en est-il des économies placées sur votre compte ? Souvent mis de côté quand on parle d’écologie, le secteur bancaire a pourtant un impact environnemental conséquent. Une influence loin d’être positive, si on en croit plusieurs études.
En octobre 2020, l’organisation Oxfam France dévoile les résultats d’une recherche menée sur le secteur bancaire français. Selon ses calculs, l’empreinte carbone des grandes banques de l’hexagone représente près de 8 fois les émissions de gaz à effet de serre de la France entière. Les 3 premières banques ont même, chacune, une empreinte carbone supérieure à celle du pays !
Alors qu’aujourd’hui, beaucoup d’entre nous s’engagent pour faire baisser leurs émissions de GES et essayer d’endiguer le réchauffement climatique, ce bilan a de quoi alarmer. Mais comment ces entreprises qui ne fabriquent rien, peuvent-elles avoir un impact environnemental si négatif ?
Zoom sur les gaz à effet de serre :
Les GES ou gaz à effet de serre sont des gaz d’origine naturelle ou anthropique (émis par les activités humaines). Ils absorbent et renvoient une partie des rayons solaires. Par cette action, ils participent à l’effet de serre qui a permis de stabiliser la température à la surface de la planète à un niveau suffisamment raisonnable pour que la vie s’y développe. Mais depuis le 19e siècle, leur concentration dans l’atmosphère n’a de cesse d’augmenter, causant un effet de serre additionnel. C’est ce phénomène qui est à l’origine du réchauffement climatique et de ses conséquences désastreuses sur l’environnement.
Il est vrai qu’une banque ça ne fabrique pas de produit matériel. Aucun établissement bancaire ne va directement extraire du pétrole pour vendre de l’essence en son nom. Ni construire une usine à charbon.
Par contre, elles prêtent et investissent dans des entreprises qui ont ce type d’activité. Que ce soit de façon directe, en injectant de l’argent ou bien indirectement, en investissant sur les marchés financiers. Dans un cas comme dans l’autre, le secteur bancaire contribue à générer des émissions de gaz à effet de serre par le biais de ses placements.
Vous vous dites que tout ça c’était avant ? Qu’avec tout ce que l’on sait aujourd’hui du réchauffement climatique et de l’érosion de la biodiversité, les choses ont nécessairement dû changer ? Et bien, loin de là.
Le rapport « banking on climate chaos » montre qu’en 2020, les banques françaises étaient les premières en Europe à financer des énergies fossiles.
Et le rapport des Amis de la Terre France et d’Oxfam France révèle qu’entre 2019 et 2020, les quatre grandes banques françaises – BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole et le groupe Banque Populaire Caisse d’Épargne – ont toutes augmenté ces financements dans les énergies fossiles, de 22,5% en moyenne.
Si le financement du secteur énergétique est en grande partie responsable des émissions indirectes de GES des banques, il n’en est pas le seul artisan. On doit également ajouter les investissements dans le transport, la construction, l’agriculture ou encore l’industrie. Pour chacune de ses sphères de l’économie, à chaque fois que les banques choisissent d’appuyer un projet plus ou moins émetteur, elles ont un impact sur l’environnement. Et le compteur, tend clairement plus vers le négatif que le positif.
Oxfam estime que si le secteur bancaire français continuait de financer l’économie comme il le fait à ce jour, « cela conduirait à un réchauffement de plus de 4°C d’ici à 2100, soit 2,5°C de plus que l’objectif fixé dans l’Accord de Paris. » Une température qui rendrait la planète invivable pour de nombreux organismes vivants.
Alors reprenons. Au bout de la chaîne, il y a des entreprises qui polluent. Juste avant, on trouve les banques qui les financent et donc qui polluent indirectement. Et si l’on remonte encore, il y a nous, les particuliers qui plaçons nos économies dans les établissements du système bancaire.
Toujours selon Oxfam, si l’on applique le même système de calcul, notre argent représenterait notre premier poste d’émissions de CO2. Si dans notre vie de tous les jours nous faisons attention à notre façon de consommer pour réduire notre impact environnemental, il suffit de mettre nos économies sur un compte mal choisi, pour doubler notre empreinte carbone sans même s’en rendre compte.
Complexe, opaque, tout en étant incontournable, le système bancaire a un rôle peu visible mais pourtant considérable sur notre environnement. Dans un monde où l’urgence climatique nous pousse à réduire rapidement notre impact, il serait temps qu’il fasse également sa part, non ?
Magali Casado
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