Gaz, pétrole, charbon : les cours mondiaux des énergies fossiles n’ont cessé de grimper depuis le début de l’année 2021. Une augmentation qui s’est répercutée sur les consommateurs et qui a contribué à mettre sur le devant de la scène, la question de la crise énergétique mondiale. Entre enjeux économiques, environnementaux, politiques et sociaux, le sujet est complexe. Mais nous allons essayer de résumer tout ça, pour que vous puissiez vous faire une idée de la situation.
Il suffit d’observer les chiffres pour s’en rendre compte. Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, la consommation énergétique dans le monde ne cesse d’augmenter. En 2018, elle s’élevait à 14,3 Gtep (1 tep = 11 700 kWh), soit deux fois plus qu’en 1978. Et si l’on pourrait croire que la découverte d’une nouvelle source ferait décliner celles utilisées auparavant, les statistiques montrent qu’il n’en est rien. Ainsi, la consommation de charbon, plus vieille énergie fossile utilisée, a continué de grimper. Puis s’est ajoutée celle du pétrole, en augmentation constante également. De même pour le gaz, le nucléaire et les énergies renouvelables. En résumé, plus nous avons d’énergies exploitables à disposition, plus nous en consommons. Mais, certaines d’entre elles pourraient vite venir à manquer.
Si l’on regarde plus attentivement la consommation d’énergie mondiale, on se rend compte que les énergies fossiles prédominent largement dans le mix énergétique (qui est la répartition des différentes sources d’énergie primaire utilisées pour répondre aux besoins). En 2018, elles représentaient 81% de la consommation énergétique. Et en 2020 leur importance s’accroît encore avec un taux de 84,3% (selon une étude de BP).
Pourtant, pétrole, gaz naturel et charbon, ne seront pas disponibles indéfiniment. Nos trois principales sources d’énergies sont dites « fossiles » car elles sont à la base des résidus d’organismes vivants qui se sont transformés pendant des millions d’années jusqu’à atteindre la forme sous laquelle nous les exploitons. La nature va bien continuer à en produire. Mais sur un temps tellement long, qu’il est impossible pour les humains de compter sur ce réapprovisionnement.
Mais alors quand va-t-on se retrouver sans ces précieuses ressources ? Et bien, selon certains, cela pourrait arriver très prochainement. Dans un de ces rapports, le cabinet The Shift Project estime que les seize pays pétroliers fournisseurs de l’Union européenne vont connaître à partir de 2030 un déclin prononcé de leur production. Et pour Jean-Marc JANCOVICI, fondateur du cabinet Carbone4 et créateur du bilan carbone, la production mondiale de gaz naturel se mettrait à décroître entre 2023 et 2078, faute de réserves exploitables.
Des 3 énergies sur le podium de notre mix énergétique mondial actuel, seul le charbon serait encore disponible pendant de longues années. Les valeurs estimées varient suivant les recherches. Mais a priori, il pourrait bien y avoir 10 fois plus de charbon que de pétrole ou de gaz.
Il nous suffirait donc de compter sur ce minerai et les fins de réserve pour que le monde continue à vivre comme il le fait actuellement? Malheureusement non, car l’utilisation de ces énergies a de graves conséquences.
Pour produire de l’énergie à partir des combustibles fossiles, il est nécessaire de les brûler. Pendant cette combustion, de grandes quantités de dioxyde de carbone sont libérées dans l’atmosphère. Comme nous l’avons vu en décortiquant le système bancaire, le CO2 est un gaz à effet de serre. Augmenter sa concentration dans l’air, c’est directement aggraver le réchauffement climatique et la crise écologique que nous vivons.
Que ces réserves énergétiques fossiles soient disponibles pendant 2, 10 ou 100 ans, n’est pas le seul problème. Les scientifiques alertent sur le fait que nous devons impérativement en laisser l’essentiel sous terre pour éviter une trop grande montée des températures.
D’autant que la chaîne de conséquence ne s’arrête pas là. Si la consommation d’énergie fossile joue directement sur le réchauffement climatique, le réchauffement climatique à lui même des impacts sur la production et la distribution d’énergie.
Le cabinet Novethic, filiale du Groupe Caisse des Dépôts, a répertorié plusieurs incidents démontrant le cercle vicieux engendré par la consommation d’énergies fossiles.
Donc, en plus d’être en très grande partie responsables du réchauffement climatique, les énergies fossiles ont un impact négatif sur les énergies renouvelables, sur leur propre extraction mais aussi sur la distribution d’énergie ! Un bilan écologique désastreux auquel vient s’ajouter la question géopolitique.
Les moins jeunes d’entre nous se rappellent certainement du fameux slogan « en France, on n’a pas de pétrole, mais on a des idées ». Lancé en 1976, en pleine flambée des prix de l’or noir, il sert de devise au gouvernement qui souhaite baisser la consommation d’énergie en mettant en place l’heure d’été. Une histoire un peu ancienne qui a néanmoins le mérite de montrer à quel point la question de l’énergie est mondiale. Notre pays, à cause de sa dépendance au pétrole et donc à ceux qui le produisent, a dû prendre une mesure exceptionnelle.
A travers le monde, de nombreux pays importent une grosse partie de l’énergie qu’ils consomment. C’est par exemple le cas de notre voisin espagnol qui ne produit qu’un quart de ses besoins. Dans ce marché global, les nations productrices et exportatrices d’énergie ont à leur disposition un moyen de pression qu’elles peuvent choisir d’utiliser à des fins politiques. Si c’est déjà le cas aujourd’hui, qu’en sera-t-il dans quelques années quand les réserves commenceront à manquer ? Ainsi, certains redoutent que la crise énergétique n’entraîne également une crise politique mondiale.
On ne vous avait pas menti en vous disant que la question était complexe. Et les solutions pour sortir de cette situation de crise énergétique sont loin d’être unanimes. Certains prônent le développement des énergies renouvelables. D’autres sont en faveur du nucléaire, faible émetteur de CO2. Mais comme l’a montré notre consommation à travers l’Histoire, plus nous sommes capables de produire d’énergie, plus nous en consommons. Alors la vraie question ne serait-elle pas, comment consommer moins ?
Magali Casado
Le Lobby des Consciences est une association d’intérêt général qui vise à accélérer la transition écologique à grande échelle.
Nous rassemblons des experts, des ambassadeurs, des partenaires et de nombreux citoyens pour faire aboutir des actions concrètes impactantes (action en cours : « 10 000 communes en Bio-Local dans les cantines scolaires« ). Rejoins-nous en tant que bénévole, adhérent.e ou en faisant un don !
Grâce à nos lettres d’information suivez nos actions et les résultats des campagnes.